*Animations des cabanes par des conteurs/ Les toqués du conte/ Joel Mater


Bonjour à tous,

je vous livre mes réactions « à chaud » pour cet après-midi magique dans vos cabanes à contes.

Juste une petite citation avant de commencer : (une note de bas de page de Henri Pourrat dans le livre V du « trésor des contes »)

« un conte, c'est une boule sans marque, comme un œuf d'oiseau, comme une graine de fleur du pré. S'il est bon, il doit pouvoir rouler et venir n'importe où »


>Retours de cette mise en situation


Quand le conte s'invite à l'harmonidoscope.

L'ensemble de la structure semble fragile, les spectateurs entrent un par un et s'installent en cercle, sa capacité est étonnante 12 enfants sont assis et prêt à écouter, je m'installe dans le cercle près de l'entrée.

Remise debout grâce à un pilier central, la cabane a maintenant l'allure d'une yourte.

Les parents restent à l'extérieur.

Dès les premiers mots prononcés, les enfants sont dans l'histoire. Le conte trouve vite sa place, le pilier s'efface, je ne vois plus les parents...

Eux, de l'extérieur voient bien les enfants, ils sont rassurés.

Première surprise : malgré que cette structure soit ouverte aux 4 vents, elle se comporte comme une structure fermée.

Lorsque je raconte en extérieur, il faut envoyer beaucoup d'énergie pour capter l'attention pendant toute la durée de l'histoire. Ici, non. L'espace délimité par la structure suffit pour que l'attention soit figée sur la parole et ne puisse se laisser distraire par les interventions extérieures des parents ou naturelles chants d'oiseaux...

L'histoire commencée ici

se continue à La Bulle

située dans le même champ que l'harmonidoscope cette cabane est une « valeur sûre ».

Sa capacité est identique à la précédente, une fois que tous les enfants sont entrés on continue l'histoire.

Là encore les parents restent à l'extérieur, les enfants (de 4 à 13 ans) repartent de suite dans l'histoire, sont à peine dérangés quand un des parents essaie de glisser un tout petit avec nous.

Dans cette cabane, on peut porter le regard à l'extérieur, on ne voit que le ciel, pas d'image parasite par rapport à l'histoire.

Comme à l'harmonidoscope, j'ai eu tendance à inscrire le décor de l'histoire à l'intérieur du dôme. Les cagettes sont une frontière entre le réel et l'imaginaire.

On a du mal à sortir de la cabane on y est bien.

Il faut passer à un autre pré pour l'Herberie :

j'invite les spectateurs à me suivre en file indienne.

Première surprise le chemin serpentine joue son rôle, les enfants s'installent calmement, s'assoient dans le cœur de l'escargot.

Deuxième surprise : sa capacité d'accueil tous les enfants entrent. Assis, on est bien : le tressage nous isole du monde extérieur. J'ai choisi de me mettre à l'entrée de la salle, je m'allonge pour commencer mon histoire en étant dans la même position que le personnage principal de mon histoire qui fait ainsi son entrée.

La non plus pas besoin de forcer la voix, aux applaudissements je sais que les parents qui ne sont pas entrés dans la cabane n'ont cependant rien perdu de l'histoire.

Ici pas d'obstacle physique pour installer le décor au-delà des limites de la cabane.

J'ai continué à raconter mon histoire assis mais je crois que j'aurais pu continuer à raconter en restant allongé.

Tout le monde est ressorti aussi calmement : le chemin spiralé marche aussi à l'envers : on sort graduellement du monde de l'imaginaire pour retrouver les parents, la fête...

En route pour la Canopée

elle a souffert de l'orage, un pan de fenêtres est écroulé vers l'intérieur de la cabane qui reste cependant praticable.

La sensation d'espace, l'impression d'être dans une grande salle c'est ce qui me vient en premier.

Beaucoup de monde autour de cette cabane située à l'entrée du pré aux Poiriers.

Il me semble que 6 ont continué la visite et qu'il y a 3 ou 4 nouvelles tête : un public plus pré ados. Là encore, les adultes restent dehors et ne veulent pas entrer (une personne se place à la porte) ne pouvant utiliser le perchoir-scène, je choisis de raconter debout contre le tronc de l'arbre.

Dès l'entrée on est enivré par l'odeur de pomme et de terre mouillée.

Là aussi l'isolement marche bien , les fenêtres ouvertes sur le monde extérieur apparaissent comme un jeu de textures et délimitent bien l'espace.

On ne se pose pas la question de savoir qui des branches ou des cagettes créent l'espace et le conte arrive. Il m'a semblé que là aussi le public était de suite captif.

Par contre, à l'extérieur, les discussions allaient bon train et le bruit de ces discussions me gênait. Ils devaient croire que dans la cabane on n'entendait pas les bruits provenant de l'extérieur. J'ai monté d'un cran le volume du son et j'ai eu l'impression qu'à l'extérieur on a fait de même. En fait, à l'extérieur, il y avait ceux qui savaient qu'un spectacle se déroulait à l'intérieur et ceux qui arrivaient et n'avaient pas réalisé que l'histoire était commencée. Curieusement les cagettes pourtant ouvertes se comportaient comme une paroi étanche.

J'ai eu l'impression que, ayant levé la voix, des gens se sont groupés autour de l'arbre pour écouter l'histoire.

Tous ne sont pas venus à la Cocontine.

Par contre, tous les jeunes ont suivi, une dizaine sont entrés, je me suis assis à l'entrée pour raconter.

Est-ce à cause de la forme de la cocontine que j'ai eu du mal à installer l'histoire ?

En étant à l'entrée je n'étais pas « dedans » un garçonnet, assis à côté de moi, n'a pas hésité à engager la conversation avec son père qui était plus loin alors que l'histoire était commencée. Il se serait senti à l'intérieur, il n'aurait pas réagi comme ça. Ceux qui étaient au fond de la cabane n'ont pas eu de problème pour s'installer dans l'histoire. La structure a tout de suite évoqué chez eux les vagues, la mer et les voyages. L'épaisseur des murs permet l'arrêt du regard au niveau de la structure.

Là, l'odeur des cagettes est très présente.

L'histoire a pu trouver sa place et certain ont trouvé le voyage trop court.

Six qui avaient suivi toutes les histoires, ont abandonné là : l'heure était trop avancée.

A l'éclosion, nous sommes en comité restreint.

La structure « graine » semble avoir été écrasée par la pluie. Heureusement la seconde partie tient debout, 4 ou 5 jeunes s'installent, là encore, sans réfléchir, je me place à l'intérieur, près de l'entrée. De là je vois bien le chemin qui mène au cocon.

Là aussi tout de suite une sensation d'être dans une grande salle avec quelque chose qui touche au religieux, comme dans une église, peut-être à cause de la lumière qui ne vient que d'en haut et qui nous incite à regarder en l'air. L'odeur d'humus, de champignons est bien marquée : vraiment un lieu pour ce conte de création. Un adulte accepte d'entrer pour écouter l'histoire.

A la fin de l'histoire, je me rends compte d'un petit groupe d'adultes s'est installé sur des rondins à la hauteur de la graine et de là écoutait. J'étais pourtant sur un ton assez « confidentiel » en ne m'adressant qu'à mon petit groupe, et l'histoire est allée au-delà des cagettes.

Pour sortir, personne n'a utilisé la petite sortie.

Ce second accès était astucieux : si quelqu'un voulait entrer ou sortir pendant l'histoire, il n'aurait dérangé personne.


En conclusion : toutes les cabanes ont permis l'écoute, l'accueil du public et de l'histoire.

A noter le confort, pour le conteur, à placer la voix et la facilité de captiver un public qui était pourtant partagé entre ses envies d'écouter des histoires et ses envies de visiter les stands de ces journées portes ouvertes à la ferme. Dès l'entrée dans la cabane le public était dans l'imaginaire. Les cagettes n'existaient plus, il n'y avait plus qu'un cocon à histoires.

A ma grande surprise, les cabanes résolument ouvertes fonctionnaient à merveille. C'était un réel plaisir de raconter en n'ayant qu'à se préoccuper des histoires et de savoir si le public suit.